Stephanie Labbé prête pour une autre grand-messe

FIFA.com et Stephanie Labbé

Mots par FIFA.com – Photos par Canada Soccer

Dans le football moderne, les gardiennes de but sont davantage impliquées dans la construction du jeu. Elles se retrouvent ainsi souvent au départ des actions. Stephanie Labbé, dernier rempart du Canada, incarne parfaitement les exigences de ce poste si exposé. Sa qualité de passe et sa vision du jeu ont fait d’elle un élément essentiel de son équipe. “Je crois que mon sens de la distribution reste mon principal atout. J’aime me servir de mes pieds pour initier les attaques” note-elle au micro de FIFA.com.

Cet été, ses talents seront une nouvelle fois mis à l’épreuve à l’occasion du Tournoi Olympique de Football Féminin au Brésil. Dans le Groupe F, le Canada affrontera l’Australie, le Zimbabwe et l’Allemagne. Entretien.

 

 

Par rapport à votre parcours personnel, que représentent ces Jeux Olympiques pour vous ?
C’est une étape essentielle. Je travaille dur depuis des années maintenant. Une carrière ne se résume pas l’instant présent. J’ai eu des hauts et des bas, mais je suis fière et impatiente de montrer au Canada et au reste du monde ce dont je suis capable. J’ai connu de beaux moments par le passé, mais j’ai très envie d’aider cette équipe à aller plus loin. J’essaye de ne pas trop réfléchir à l’ampleur de l’événement. Je dois simplement donner le meilleur de moi-même chaque jour et apporter mes qualités en match. Au bout du compte, j’espère que ça me permettra de connaître le succès avec mes coéquipières.

Quelles sont vos qualités en tant que gardienne ?
Je crois que mon sens de la distribution reste mon principal atout. J’aime me servir de mes pieds pour initier les attaques. Je sais de quoi je suis capable balle au pied et je pense être en mesure de délivrer le bon ballon, au bon moment. C’est une part importante du rôle de gardien de but aujourd’hui. Désormais, nous touchons 90% de nos ballons avec les pieds. J’ai confiance en moi dans ce domaine et je sais que mes partenaires me font confiance aussi. C’est essentiel. Ma compréhension du jeu fait aussi de moi une bonne meneuse. Je sais communiquer sur un terrain. Je rassure tout le monde autour de moi car mes partenaires savent qu’elles ont quelqu’un derrière elles pour les aider en cas de besoin.

Vous pratiquez la méditation. En quoi cela vous aide-t-il sur le plan professionnel ?
La méditation me ramène à l’instant présent. Il faut se fondre dans le moment. On se fixe tellement d’objectifs qu’on en arrive parfois à oublier la finalité. Mais si l’on n’est pas dans l’instant et que l’on n’apprécie pas le voyage qui doit nous mener vers cet objectif, le jeu n’en vaut plus la chandelle. La méditation me permet de m’inscrire dans ce présent. Dans le cas d’une gardienne, les erreurs ne passent pas inaperçues. Tout le monde les voit et tout le monde a son avis sur la question. Quand il se passe quelque chose sur le terrain, je me concentre sur ma respiration et sur ce que je suis en train de faire. Ça me permet de donner le meilleur de moi-même car je ne suis pas bloquée par ce qui vient de se passer ou ce qui pourrait se produire. La méditation a vraiment eu un énorme impact sur ma vie. Elle est aussi présente dans ma vie de tous les jours, mais sur le terrain, elle m’a aidée à être plus performante.

Avez-vous observé des changements sur le plan personnel ou professionnel, depuis que vous pratiquez la méditation ?
Oui, dans la mesure où je contrôle mes pensées. Quand mon esprit commence à vagabonder, je peux le ramener à l’instant présent. Ça ne veut pas dire que je n’ai pas de pensées négatives ou que j’oublie tout de suite mes erreurs, mais je suis capable de me projeter dans l’instant présent. J’ai acquis un meilleur contrôle dans ce domaine.

Durant votre carrière à l’université du Connecticut, vous avez transformé plusieurs penalties. Faut-il s’attendre à vous voir traverser le terrain si le Canada obtient un penalty au Brésil ?
(rires) On ne sait jamais ! Je suis très confiante et, à l’université, je n’hésitais pas à me mettre en première ligne. Quand mon équipe avait besoin de moi, je n’avais pas peur de prendre mes responsabilités. J’aime bien me servir de mes pieds et je me sens vraiment à l’aise avec le ballon. Si l’occasion se présente, je suis certaine que je pourrais me rendre utile dans ce domaine. Néanmoins, je ne suis pas la seule dans ce cas en sélection. Je laisserai donc peut-être les attaquantes tenter leur chance en premier !

Vous êtes souvent décrite comme une meneuse. Comment décririez-vous votre personnalité ?
Je montre l’exemple. Je travaille très dur à l’entraînement tous les jours. C’est quelque chose dont je suis fière. Je ne laisse personne en faire plus que moi. De ce point de vue, on peut dire que je montre l’exemple. Sur le terrain, je parle beaucoup à mes coéquipières. De mon poste, on voit bien le jeu. Je me fais donc un devoir d’observer attentivement la façon dont le match évolue. Je dois aider les filles qui jouent devant moi, en étant leurs yeux quand leur attention est occupée ailleurs. Je repousse chaque jour mes limites pour donner de la voix sur le terrain. Je suis là pour signaler aux autres les choses qu’elles ne peuvent pas toujours voir par elles-mêmes.

Quelle sera la recette du succès pour le Canada à Rio ?
Ne brûlons pas les étapes. Pour commencer, nous devons être capables de contrôler le cours du jeu. Il faut trouver le moyen de nous exprimer et de prendre l’ascendant sur nos adversaires. Nous en sommes capables. Pour ça, tout le monde doit s’impliquer. Le tournoi sera long et nous allons disputer un grand nombre de matches en peu de temps. L’ensemble du groupe sera mis à contribution et chacune devra apporter sa pierre à l’édifice. Nous pouvons toutes faire valoir quelque chose de différent sur le plan individuel, ce qui signifie que nous aurons toutes un rôle à jouer. Le moment venu, il faudra être prêt à tenir sa place. Le talent et les connaissances tactiques sont là. Nous devons prendre conscience du fait que nous avons tout ce qu’il faut. Si nous croyons en nous-mêmes, nous pourrons imposer notre jeu. Le chemin qui mène à la médaille d’or passe par là.

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