Canada Soccer
Dans la vie de trois arbitres canadiennes qui jonglent avec la maternité et l’arbitrage.
Être arbitre a ses défis inhérents. De passer une série éreintante de tests physiques à diriger et gérer efficacement des matchs de soccer d’une grande intensité, l’arbitrage n’est pas un boulot facile.
Pour trois arbitres canadiennes de la FIFA, Marie-Han Gagnon-Chrétien, Marie-Soleil Beaudoin et Myriam Marcotte, cette profession d’arbitrage est équilibrée avec une autre responsabilité maternelle – la maternité.
Elles ont commencé à arbitrer à un jeune âge et ont grimpé les échelons pour officier dans quelques matchs de la FIFA à différents niveaux. Au cours des deux dernières années, les trois femmes ont eu un bébé et ont persévéré malgré des défis uniques.
Myriam Marcotte, qui a eu son bébé en juin 2021, elle est arbitre en chef et a arbitré quelques parties dans la Première Ligue de soccer du Québec et la Première Ligue canadienne. Marcotte était aussi arbitre en chef avec le tout premier groupe d’arbitres féminines dans un match de la Ligue des Nations de la Concacaf.
Elle a dit qu’avec les changements du corps causés par la grossesse et le fait de s’occuper d’un nouveau-né, c’est un défi que plusieurs mamans qui sont aussi arbitres doivent relever.
« C’est différent pour nous puisque nous devons porter l’enfant, dit Marcotte. Tu grossis et ensuite, tu redeviens petite et tu reprends ta routine habituelle d’entraînement… mais il faut aussi prendre soin du bébé. »
Sa collègue et amie Gagnon-Chrétien a répété les mots de Marcotte et a dit que le processus a été difficile.
Marcotte a poursuivi son entraînement jusqu’à sept mois et demi de grossesse et a recommencé à arbitrer quatre mois après avoir accouché. Ça lui a pris 10 mois au total pour retrouver sa forme; ses collègues ont connu un temps de récupération similaire, dont Beaudoin qui a arbitré à la Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA, sept mois après avoir donné naissance à son enfant.
Malgré le revirement rapide de Marcotte, elle a tout de même raté les séminaires de la FIFA, a dû stopper l’entraînement quelques fois pour s’occuper de son nouveau-né et a même consulté un thérapeute sportif quand son entraînement n’allait pas bien.
« Je faisais vraiment attention à ce que je faisais, j’essayais toujours d’écouter mon corps. Je pouvais commencer [à courir], puis arrêter et reprendre. Ce n’était pas toujours une ligne droite [vers la récupération] », raconte Marcotte.
Cette dernière a mentionné qu’elle a été assez chanceuse d’avoir un bon système de soutien – un sentiment qui fait écho chez les trois arbitres.
Beaudoin, qui est sur la liste des arbitres de la FIFA depuis 2014 et qui a eu son deuxième enfant il y a 10 mois, a dit que son système de soutien est essentiel.
« J’ai un partenaire qui est super compréhensif. Il revient à la maison après le travail et ne me demande jamais ‘As-tu besoin de t’entraîner aujourd’hui?’, mais plutôt ‘De combien de temps as-tu besoin pour t’entraîner aujourd’hui?’ »
La liberté de savoir que son partenaire va s’occuper des enfants pendant qu’elle s’entraîne lui enlève un gros poids de ses épaules, souligne Beaudoin. À titre d’arbitre de la FIFA, Beaudoin voyage parfois sur de longues distances pour officier des matchs tandis que son conjoint reste à la maison et s’occupe des enfants.
« Le fait qu’il est non seulement volontaire, mais heureux de jouer ce rôle dans notre relation est hors-norme, je n’ai pas de mots pour décrire à quel point c’est essentiel à mon succès », affirme Beaudoin.
Elle a décrit son système de soutien comme un projet élargi de famille et a donné le crédit aux parents de son partenaire pour l’aide qu’ils apportent quand l’un des deux est à l’extérieur pour le travail.
« Je ne pourrais pas partir pendant plusieurs semaines à la fois si j’avais un partenaire malheureux et des enfants malheureux à la maison. Je peux seulement le faire si je sais que tout se passe bien à la maison », a dit Beaudoin.
Gagnon-Chrétien, qui a aussi arbitré aux côtés de Marcotte dans le match historique de la Ligue de la Nation de la Concacaf, a dit qu’elle aime prendre soin de son bébé, mais qu’elle a moins de temps pour s’entraîner et prendre soin d’elle.
Toutefois, elle s’est organisée pour faire un genre d’entraînement familial, où elle court aux côtés de son mari et qu’un des deux pousse la poussette du bébé. Elle a aussi fait de longues marches avec Marcotte qui était enceinte au même moment.
« On se motive l’une et l’autre à s’entraîner [pour retrouver la forme], », a dit Gagnon-Chrétien.
Parmi la motivation du duo Gagnon-Chrétien et Marcotte, Beaudoin a rencontré une communauté d’arbitres qui sont nouvellement maman quand elle a eu son premier enfant. Elle a dit qu’elle ne se sent plus anormale et est devenue une meilleure arbitre.
« On ne parle pas souvent de l’influence positive de la maternité, indique Beaudoin. Je crois que quand je suis devenue une maman, je suis devenue une meilleure arbitre… cette habileté à apprendre de mes erreurs et d’ensuite les oublier, je me suis vraiment améliorée. »
Par Jayden Dill