Emma Humphries et les ambitions du Canada U-17

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“Le Canada est en train de devenir un pays de football”, affirme Emma Humphries. À première vue, les faits semblent lui donner raison. Le football ne s’est jamais aussi bien porté dans le grand nord. Entre le sacre en finale du Tournoi Olympique de Football féminin et le grand retour de la sélection masculine en phase finale de la Coupe du Monde de la FIFA™, le moral est au beau fixe. Ces succès doivent beaucoup à deux personnalités originaires de Consett, une petite ville du nord de l’Angleterre. Et le hasard fait qu’Emma Humphries les connaît toutes les deux très bien. L’actuelle sélectionneuse de l’équipe du Canada U-17 a jadis représenté la Nouvelle-Zélande en Coupe du Monde Féminine U-20 de la FIFA 2006™ puis en Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2007™. À l’époque, son sélectionneur était un certain… John Herdman.

“J’ai travaillé avec John de l’âge de 14 ans jusqu’à ce que je sois contrainte de mettre un terme à ma carrière, à 23 ans. C’était une expérience extraordinaire”, confie l’intéressée à FIFA+. “Il s’agit sans conteste du meilleur entraîneur que j’ai connu.” “Ces deux Coupes du Monde disputées sous ses ordres m’ont profondément marquée. Je n’oublierai jamais ces moments… pas plus que nos nombreux fous rires. Comme je le répète sans cesse à mes joueuses : en Coupe du Monde, tout peut s’arrêter à tout moment. Il faut donc profiter pleinement de chaque seconde.” Herdman et Humphries sont toujours en contact, quinze ans plus tard. “Il habite à deux minutes à pied de chez moi. Dès que l’on passe du temps ensemble, les idées fusent dans tous les sens. C’est génial !”

Le lien qu’elle entretient avec son ancien mentor est cependant bien différent de celui qui la relie à l’autre gloire de la ville de Consett. En effet, Emma Humphries et Bev Priestman sont mariées. Les deux femmes se sont rencontrées lorsque la première occupait les fonctions de directrice technique de la Nouvelle-Zélande. Cependant, elles ne passent pas leurs journées ensemble. “Je n’aurais jamais accepté ce travail si on m’avait dit qu’elle serait ma patronne”, lance notre interlocutrice sur le ton de la plaisanterie. Et, le soir, elles préfèrent aborder d’autres sujets. “Bev est bien meilleure que moi sur un banc de touche”, reconnaît Humphries. “Mais il est vrai que les couples sont plutôt rares à ce niveau. C’est la raison pour laquelle nous n’aimons pas trop parler boutique à la maison. J’ai quand même de la chance d’avoir une grande spécialiste à ma disposition. Quand je fais face à une difficulté, je peux toujours la consulter.” “En tant que sélectionneuse U-17, mon rôle consiste à produire des joueuses qui pourront intégrer un jour l’équipe de Bev. J’ai appris à la connaître, ainsi que la mentalité canadienne. C’est un aspect important à prendre en compte au moment de choisir et d’accompagner une joueuse.”

En outre, Humphries connaît la sélectionneuse et ses projets sur le bout des doigts. Lorsqu’elle affirme que certains éléments de son équipe pourraient se faire une place en sélection d’ici à la prochaine Coupe du Monde Féminine, on est donc tenté de la croire sur parole. “Je ne veux pas en dire trop, mais je sais que quelques-unes des joueuses présentes en Inde sont suivies de près. Ce qui est bien avec Bev, c’est qu’elle sait qu’il est important de faire une place aux jeunes. Après tout, elle a occupé mon poste pendant six ou sept ans. Maintenant, elle récolte les fruits du travail réalisé avec ses anciennes protégées. Elle a également pu constater les avantages de les intégrer le plus tôt possible.” “Donc, oui, elle regarde de près ce qui se passe chez les U-15, les U-17 et les U-20 dans l’espoir de voir certaines joueuses se distinguer en Coupe du Monde et, à terme, représenter le Canada au plus haut niveau.

Durant les qualifications pour Inde 2022, un nom en particulier est souvent revenu dans les conversations : celui de Rosa Maalouf. Malheureusement, la meilleure buteuse du Championnat féminin U-17 de la Concacaf (12 réalisations en six matches) manquera à l’appel pour cause de blessure. “Nous sommes sûrs que Rosa va très vite revenir. Elle a un grand avenir devant elle mais, en attendant, elle va nous manquer en Inde. Au-delà du football, elle tient un rôle très important au sein du groupe.” “Heureusement, j’ai d’autres solutions très intéressantes en pointe. C’est une bonne nouvelle car nous avons investi beaucoup d’efforts pour développer ce secteur de jeu dans cette tranche d’âge. Au cours des précédents cycles, nous avons produit beaucoup de défenseuses et de milieux de terrain. Nous voulions donc nous renforcer en attaque.” “Cette équipe a un gros potentiel offensif. Je pense que plusieurs de nos attaquantes vont se faire un nom sur la scène mondiale dans les années à venir.”

Versé dans un groupe relevé aux côtés de la France, du Japon (deux anciens lauréats de l’épreuve) et de la Tanzanie, révélation des qualifications africaines, le Canada n’aura pas la partie facile. Humphries, de son côté, préfère voir le verre à moitié plein. “En termes de variété, nous n’aurions pas pu rêver mieux. Ce sera une bonne expérience pour les filles. Nous avons affronté des équipes qui nous ont bien préparées aux différents styles de jeu que nous allons rencontrer en Inde. Nous avons une vision plus concrète des profils dont nous aurons besoin pour certaines affiches.” “Quelle que soit la compétition, l’objectif est toujours de passer le premier tour, de gagner un maximum de matches et, si possible, de ramener le titre à la maison. Je sais que mon équipe est capable de gagner, de marquer beaucoup de buts et de faire parler d’elle en Inde. Maintenant, à nous de faire le nécessaire pour exploiter tout notre potentiel. Mais une chose est sûre : nous avons les moyens de faire mal à n’importe quel adversaire.”