La troisième équipe : Au rythme de Joe Fletcher

Les jours de match, nous oublions parfois qu’il y a trois équipes sur le terrain et non deux.

Il a été le visage du Canada à la Coupe du Monde de la FIFA, Brésil 2014™. De sa fameuse poignée de main [qui lui a valu plusieurs millions de visionnements cumulés sur les médias sociaux] à la couverture dont il a joui dans la presse et à la télévision, Joe Fletcher est devenu une petite célébrité.

Qu’est-ce qu’un autre profil pourrait vous apprendre et qui n’a pas déjà été écrit?

Pour le découvrir, Canada Soccer a rencontré Fletcher à son bureau de St. Catharines en Ontario. Ce qui a démarré comme une conversation sur l’arbitrage et sur la Coupe du Monde de la FIFA™ s’est rapidement élargie pour inclure un de ses principaux intérêts : la musique.

Pour Fletcher, des artistes comme Jay-Z et Drake sont à la fois une source de détente et de motivation. Dans certain cas, leurs œuvres ainsi que celles d’autres lui ont servi d’enseignement. Ce sont les chansons qui nous permettent de mieux comprendre l’histoire de Fletcher, sa façon de pensée et le moteur qui l’a transporté jusqu’au sommet de sa profession.

Les jours de match, nous oublions parfois qu’il y a trois équipes sur le terrain et non deux. Tout comme les joueurs, Fletcher aime bien écouter de la musique avant un match. Il préfère par contre éviter les écouteurs commerciaux et tape-à-l’œil. « Après tout », dit-il. « Nous ne voulons pas attirer trop d’attention comme arbitres. » Ce qui compte est de rentrer dans sa bulle, si bien que les petits écouteurs de son téléphone intelligent font tout à fait l’affaire. 


Sean Hurd, Mark Geiger, Alireza Faghani, Joe Fletcher

 
Il reste branché de l’hôtel jusqu’au stade. C’est le moment où il se concentre. Il pense aux différents scénarios pouvant se dérouler en cours de match. Il commence par évaluer les possibles alignements, les tactiques et les formations. À ce moment, il a déjà étudié les joueurs sur vidéo, il connaît leurs habitudes si bien que l’exercice est une pure question de visualisation, une dernière révision pour s’assurer qu’il a tous les éléments en main lui permettant de prendre les bonnes décisions.

Ce n’est qu’une fois rendu au vestiaire qu’il retire les écouteurs. C’est après le réchauffement d’avant-match que son trio de la Coupe du Monde de la FIFA, Brésil 2014™ se retrouve avant de joindre les joueurs dans le tunnel. Durant ces rencontres, l’arbitre Mark Geiger aura les premières paroles, suivies par celles de l’arbitre assistant Sean Hurd. Toutefois, Fletcher reste silencieux. « C’est inhabituel. Je suis rarement à court de mots, mais je n’ai rien dit puisqu’il n’y a plus rien à ajouter – allons-y simplement. »

Piste 1: Kardinal Offishal – “The Anthem”

Joe Fletcher: « Pourquoi? D’abord en raison du début qui dit : ‘Eh, d’où viens-tu? Canada.’ J’avoue que ça parle de quelqu’un qui est de Toronto, ce qui N’EST PAS mon cas, mais j’aime l’ouverture alors j’écoute cette chanson chaque fois [quand je suis en fonction à l’étranger]. Sans blague. »

Quand vous êtes à la Coupe du Monde de la FIFA™ la nationalité compte. C’est inévitable. Les équipes. Les matchs. Les drapeaux. Les hymnes. Les partisans. Ils sont partout. Même si le Canada ne s’est pas qualifié pour la phase finale, Joe Fletcher a refusé de laisser sa fierté canadienne être enfouie par tout ce bruit.

Même lors des rencontres des officiels, il ajoutait la phrase « et du Canada » quand son trio été référé comme l’Équipe Américaine. « Je comprends », affirme Fletcher « lorsque deux des trois membres sont Américains, il est facile de tous nous mettre dans le même panier, mais je ne laissais jamais passer cela. »

Peu importe le nombre de fois que Geiger et Hurd l’ont taquiné à ce sujet, Fletcher a refusé de plier. « Je viens du Canada et je me suis assuré de le faire savoir à tous. C’était une question de fierté. »

« Avant d’aller au tournoi, j’ai juré que la seule façon où j’allais apparaître plus de deux secondes à l’écran était si quelque chose se passait mal. Apparemment c’est moi qui ai mal fait. »

Malgré les plaisanteries, ses coéquipiers ont compris. Depuis leur première rencontre en 2008 dans la MLS, les trois membres de ce groupe sont devenus de bons amis. Ils ont été choisis pour la Coupe du Monde U-20 de la FIFA, Colombie 2011 avec l’intention claire de travailler à la Coupe du Monde de la FIFA, Brésil 2014™.

Seulement 25 équipes de partout dans le monde ont été retenues pour la Coupe du Monde de la FIFA 2014™ : un tournoi de 64 matchs qui renvoie les officiels à la maison plus vite que les nations participantes. De l’avis de tous, Fletcher et son groupe ont offert une solide prestation, œuvrant dans trois matchs, soit deux durant la phase de groupe et un autre en huitièmes de finale.

C’était le nombre de matchs parfait selon Fletcher. « Quand nous avons découvert que chaque équipe pouvait garder un ballon au terme de chaque match travaillé, nous nous sommes dit : ‘J’imagine que cela veut dire que nous allons faire trois matchs’ parce que nous en voulions tous un. »

Geiger a gardé le ballon du match de huitièmes de finale pour rappeler sa réalisation de premier Américain à diriger un match de ronde éliminatoire dans une Coupe du Monde de la FIFA™. Hurd a choisi le ballon de leur premier match, celui qui a opposé la Colombie à la Grèce. Cela signifiait que Fletcher s’est retrouvé avec le ballon du match entre l’Espagne et le Chili, disputé à son grand plaisir dans l’Estadio do Maracanã.

C’est avant ce match que Fletcher est devenu une célébrité instantanée : levant sa main et la faisant passer sur son crâne rasé au lieu de l’abaisser à nouveau après une poignée de main ratée avec un officiel. Son geste lui a valu une tape dans le dos du gardien espagnol Iker Casillas et les louanges des téléspectateurs à la maison.

Toute cette attention a pris Fletcher par surprise. « Avant d’aller au tournoi, j’ai juré que la seule façon où j’allais apparaître plus de deux secondes à l’écran était si quelque chose se passait mal. Apparemment c’est moi qui ai mal fait (rires). »

La seule attention qui compte vraiment est la reconnaissance que le trio a reçue pour son travail sur le terrain, affirme Fletcher. « Nous savions que nous faisions un bon travail quand ils nous ont tout de suite assigné un autre match à notre retour au camp après notre première rencontre. Même les autres équipes ont reconnu que nous avions bien fait et elles nous ont félicités. »

On ignore pourquoi le trio n’a pas eu droit à un quatrième match après le huitième de finale. « Ce n’est pas le genre de question qui se pose », estime Fletcher qui ne semble pas préoccupé par cela pour autant. « Nous avons eu droit à trois matchs, ce qui n’a pas été le cas de tous. » De plus, Geiger a été nommé quatrième officiel pour un des matchs de demi-finale et le trio a été invité à rester jusqu’à la fin du tournoi.

Cela s’est traduit notamment par des billets pour assister à la finale opposant l’Argentine à l’Allemagne à neuf rangées du centre du terrain. « Pour vous illustrer combien j’étais près de l’action, je me suis littéralement retrouvé à un garde de sécurité de Bastian Schweinsteiger et du trophée (après le match). »

Même les meilleurs billets pour le match ne pouvaient pas empêcher Fletcher de penser comme un arbitre. « J’aime regarder le jeu, mais je n’arrive pas à ne pas anticiper les décisions. » Ce sont les mêmes impulsions automatiques qui l’emportent quand on lui demande : ‘D’où viens-tu déjà?’

La réponse de Fletcher sort sans hésitation : « Canada ».

Piste 2: Fort Minor – “Remember The Name”

Joe Fletcher: « Écoutez le refrain et vous comprendrez. Ce ne sont pas tous les mots de la chanson qui s’appliquent, mais le refrain, je vous jure que tout s’y trouve. »

Refrain (trad. littérale) :
Dix pour cent de chance, vingt pour cent de talent
Quinze pour cent de concentré de volonté
Cinq pour cent de plaisir, cinquante pour cent de douleur
Et cent pour cent de raison de se souvenir du nom!

10 pour cent de chance

Fletcher est le premier à admettre qu’il n’est pas parvenu seul à ce niveau. Il a été entouré de plusieurs mentors à différentes étapes de son parcours. À la base, les anciens arbitres nationaux Mike Lambert et Dominic Rosetto figurent parmi ceux qu’il crédite pour son développement. « Ces gars me laissaient les accompagner dans plusieurs évaluations qui n’étaient pas les miennes. »

« Je comprends qu’il y a une perception que les arbitres assistants sont comme des citoyens de seconde classe, mais la majorité de mes décisions sont importantes. »

Même après avoir obtenu son grade FIFA, Fletcher continuait de trouver des modèles, notamment les arbitres internationaux canadiens Mauricio Navarro et Héctor Vergara. « Il n’y a pas de manuel », indique Fletcher. « Quand tu deviens arbitre international, tu traites soudainement avec une autre série d’obstacles : différents pays, différentes ethnies, différentes langues et ces gars m’ont montré les trucs du métier. »

Fletcher a aussi profité de promotions opportunes. Comme lorsqu’il a été invité à la Coupe du Monde U-20 de la FIFA, Canada 2007 parce qu’un autre arbitre n’avait pas réussi son test de conditionnement. Cela lui a permis à sa première année sur la liste de la FIFA de participer à une compétition élite, lui offrant une expérience et une reconnaissance additionnelles.

20 pour cent de talent

Pour être un arbitre FIFA, vous devez être en mesure de courir le 40 mètres en six secondes. Joe Fletcher peut franchir la distance en cinq secondes. « J’étais plus rapide encore auparavant, mais je prends de l’âge. »

Cela fait de lui un des arbitres assistants les plus rapides de la FIFA. La vitesse est particulièrement importante sur les lignes de côté puisque vous devez être en mesure de poursuivre certains des meilleurs joueurs au monde – au moment que ceux-ci choisissent pour être en position afin de rendre la bonne décision.

« Je comprends qu’il y a une perception que les arbitres assistants sont comme des citoyens de seconde classe », dit Fletcher. « Après tout, pour chaque cinq décisions que je prends par match, l’arbitre en prend environ 50. Par contre, la majorité de mes décisions sont importantes. J’imagine que si je m’étais trompé sur le hors-jeu contre le Nigéria [qui a annulé leur but contre la France en huitième de finale à Brésil 2014], j’aurais pu modifier le cours du match; qui sait ce qui se serait produit si le Nigéria avait marqué le premier but? »

 
Fletcher durant le huitième de finale opposant la France au Nigéria – 30 juin 2014

Il est quand même intéressant que Fletcher ait choisi d’être arbitre assistant. De son propre aveu, il était bon aux deux positions (arbitre et assistant), mais pas nécessairement d’un calibre élite dans l’une ou l’autre. Du moins ce n’était pas le cas en 2006 quand Canada Soccer l’a approché avec l’intention de le promouvoir au rang FIFA comme assistant.

Fletcher a accepté parce qu’il se souciait davantage de travailler lors de grands matchs que de contrôler le sifflet. « Je n’ai pas besoin d’être sous les réflecteurs, mais il y a un besoin de me sentir respecté par les gars de mon équipe. Le plus beau compliment qu’un arbitre assistant peut recevoir et le seul qui compte vraiment est de sortir avec un arbitre pour le plus gros ou plus important match de sa carrière. »

Il y a près de cinq ans que Fletcher a dirigé son dernier match au centre. Aujourd’hui, il est heureux de sa décision de rester sur les lignes de côté. « Si on enlève l’aspect de la personnalité et si je suis objectif, je suis davantage fait pour être un assistant », dit-il. Sprinter naturel, il est bon sur les départs et les arrêts en pleine course et un peu moins un coureur de longue distance, soit le genre de profil qui correspond davantage au travail des arbitres.

15 pour cent de volonté

La principale raison qui explique que Fletcher est un des meilleurs arbitres assistants au monde se trouve un peu plus loin. « Je suis un gars axé sur les objectifs. Je sais ce que je dois affronter et même si la perfection n’existe pas, je vise l’excellence. » Il aime le défi associé à son poste d’assistant. « Bien que je sache où je dois me trouver et ce que je dois faire, une exécution et la bonne exécution sont des choses complètement différentes. »

« Je ne voulais simplement pas être le gars qui était pris trois mètres hors de sa position sur une reprise pour rendre une décision. »

Fletcher affirme qu’il a toujours eu ce désir de s’améliorer – quelque chose qui au départ a démarré avec ses parents et qui a été entretenu par d’autres en cours de route. « Essayer et atteindre la norme n’ont jamais suffi dans ma pensée. Même à l’école, si je pouvais obtenir une note de 80 sans travailler, alors je visais un 90 en travaillant plus dur. Si j’avais un 70 dans un autre sujet, je travaillais alors pour obtenir un 75. »

Cela s’applique aussi au soccer. « Je ne voulais simplement pas être le gars qui était pris trois mètres hors de sa position sur une reprise pour rendre une décision. Je hais regarder les reprises et découvrir que je suis en retard sur un jeu. Je suis trop compétitif pour seulement faire mon boulot puis rentrer chez moi. Je vais accrocher les crampons si j’en arrive à cela. Si je vais sur le terrain pour travailler, je vais y mettre l’effort. C’est au point où je ne reviendrais pas derrière. C’est simplement comme cela que je suis fait. »

Cinq pour cent de plaisir

Même s’il était un bon athlète, Fletcher a vite compris qu’il n’allait pas atteindre les rangs professionnels comme joueur. Toutefois, sa passion pour le sport était forte, nourrie en partie par ses parents et par son cousin Kyle Fletcher, un ancien membre de l’équipe canadienne U-20.

Si l’arbitrage est devenu un gagne-pain pour Fletcher, c’était aussi un autre parcours, une autre porte d’entrée pour rester impliqué dans le soccer élite. Plus important encore, il a su en profiter à fond.

Un de ses souvenirs favoris de la Coupe du Monde de la FIFA™ a été un court échange avec l’attaquant français Karim Benzema. « Il était étonné que je sache parler français. Pour un instant – n’oubliez pas que c’est un gars bâti comme un char d’assaut – son visage s’est illuminé et il m’a dit ‘super, comment vas-tu?’ C’était assez spécial! »

Un autre échange mémorable s’est produit avec l’Américain Landon Donovan. « Je savais que j’avais raté une décision dans leur match précédent au tournoi de la Gold Cup de la CONCACAF. Je n’ai aucun doute qu’il a été clairement victime d’une faute, mais je ne voulais pas en parler durant le match alors je me suis tourné. Avant le coup d’envoi du match suivant des États-Unis alors que nous étions dans le tunnel il s’est approché et je lui ai dit : ‘Je sais, je sais, tu n’as pas à me le dire.’ Alors il m’a dit : ‘Alors pourquoi n’as-tu pas…?’ et je lui ai répondu ‘Je ne vais pas m’obstiner avec toi. Je l’ai vu et ce n’était pas beau’… et à ce moment nous en avons simplement ri. »


Fletcher serre la main de Mario Yepes avant le match de la Colombie contre la Grèce – 14 juin 2014

Ces petits moments s’ajoutent aux souvenirs impérissables qui font partie de l’histoire, mais non de la raison pourquoi Fletcher travaille en bordure des terrains. Ce qui compte le plus est la camaraderie qu’il expérimente avec ses collègues officiels. « Nous traversons les mêmes choses, nous vivons ces expériences et quand nous sommes dans les tournois nous devenons comme une famille. »

Fletcher est heureux de son rendement au Brésil, non seulement ce qu’il a réalisé ou avec son trio, mais parce qu’il espère que cela a élevé le profil des officiels nord-américains. « Que cela soit juste ou non, les gens font le lien entre notre rendement à la Coupe du Monde de la FIFA™ et le niveau global de l’arbitrage en Amérique du Nord. J’espère que notre bon rendement conduise à plus d’opportunités du genre pour les gars du Canada et des États-Unis. C’est touchant et satisfaisant de faire partie de ce développement. »

Cinquante pour cent de douleur… Pour cela, on passe à “On to the Next One.”

PIste 3: Jay-Z – “On to the Next One” 

Joe Fletcher: « Si j’ai pris une grosse décision de travers, je pense tout de suite à cette chanson pour oublier la situation et avancer… Même si j’ai raison ou que c’est une décision serrée, signifiant que quelqu’un se plaint probablement, peu importe, je passe à l’étape suivante. »

Après ses succès à la Coupe du Monde de la FIFA Brésil 2014™, Joe Fletcher est rentré chez lui pour découvrir qu’il était devenu un modèle. Ce n’est pas là une position qu’il trouve confortable. « Je ne me vois pas de cette façon. Pour moi, les modèles sont des gars comme Héctor Vergara, qui a travaillé lors de trois Coupes du Monde de la FIFA™ et Mike Lambert qui a un c.v. bien étoffé. C’est donc étrange que les jeunes officiels me voient comme un modèle.

« Honnêtement, quand je lis des choses comme cela, je dis ‘allez les gars, vous pouvez faire mieux que moi.’ » Blague à part, Fletcher sent toujours le besoin de redonner à la collectivité. « Vous ne pouvez pas vous améliorer seul… C’est impossible. Si je peux aider quelqu’un à s’améliorer alors je dois le faire. Le contraire irait à l’encontre de mes convictions. »

Quel conseil Fletcher donne-t-il aux jeunes arbitres?

Il faut d’abord être affamé. « Vous ne savez pas nécessairement qui se trouve dans la foule alors vous ne savez jamais qui regarde, qui évalue et qui se soucie de ce qui se passe sur le terrain. »

C’est pourquoi Fletcher encourage les jeunes arbitres à s’entraîner comme si quelqu’un les regardait, même si dans la plupart des situations ce n’est pas le cas. Plus que toute autre chose, ils doivent toujours offrir leur meilleur rendement quand ils sont sur le terrain.

Pourquoi?

Parce que vous bâtissez une réputation. Au départ, raconte Fletcher « la plupart des gens ignoraient qui j’étais. On me connaissait comme le gars noir et maigre qui courrait vite. » Ce que les gens se souvenaient était qu’il « pouvait suivre tous les joueurs pas à pas ». Même quand Fletcher était dans l’erreur, il profitait souvent du bénéfice du doute puisqu’on ne pouvait jamais le trouver hors position et éventuellement les décideurs l’ont remarqué. « Vous ne savez jamais qui sera attiré par votre travail et pour quelle raison et c’est là toute l’histoire. »

« Dans quatre ans, si quelqu’un meilleur que moi est choisi pour aller à Russie 2018, c’est comme ça et il faudra continuer. »

Son prochain conseil est d’accepter ce que la vie vous enseigne. « Aussi douloureux que ce soit pour moi de le dire, j’ai presque envie de remercier tous les gars de la Ligue des vétérans du Niagara qui m’engueulaient alors que j’avais 16 ans parce qu’ils m’ont préparé pour les rangs professionnels. Comprenez-moi bien, je ne félicite pas ce comportement, mais il faut s’habituer à prendre de grosses décisions et de faire face aux émotions de ceux qui ne sont pas d’accord. Cela veut dire d’aller au combat et de possiblement perdre quelques plumes. »

Tout est une question d’expérience assure Fletcher, car en tant qu’arbitre, vous ne pouvez pas perdre les petites batailles. « Vous traitez avec 22 personnalités qui ne veulent pas nécessairement se faire dire quoi faire, mais qui doivent accepter que ce soit ainsi. » Le truc, ajoute Fletcher est d’apprendre à vivre avec ses erreurs. « Je ne dis pas ici qu’il faut oublier puisque les erreurs vous suivent à la maison. Si vous arrivez à oublier, contactez-moi, car je veux connaître votre secret. Je parle ici de se préparer à prendre la prochaine grosse décision, qui pourrait venir quelques seconds plus tard seulement. »

On doit donc passer au cas suivant puisque l’apprentissage est un processus continu. Même pour Fletcher qui malgré toutes ses réalisations sait qu’il n’y a pas de passe gratuite. « Dans quatre ans, si quelqu’un de meilleur que moi est choisi pour aller à Russie 2018, c’est comme ça et il faudra continuer. À ce niveau, chaque pouce compte alors je cherche toujours ce point ou deux de plus qui peuvent me rendre meilleur. Le jour où j’arrêterai de pousser sera celui où je vais commencer à glisser. »

Le Top 10 des pistes de Joe Fletcher (sans ordre particulier)

  1. The Anthem – Kardinal Offishal
  2. On to the Next One – Jay-Z (avec Swizz Beatz)
  3. Remember the Name – Fort Minor
  4. We Own It – 2 Chainz & Wiz Khalifa
  5. Advantage – Machel Montano
  6. Sign of a Victory – R. Kelly
  7. Not Afraid – Eminem
  8. Carnival – Destra (avec Machel Montano)
  9. It’s Going Down – Yung Joc
  10. Started From the Bottom – Drake